Parce que sans les femmes, le monde s’arrête, #NousToutes appelle à la grève féministe le 8 mars
Le 8 mars, nous crierons “NON” à une réforme des retraites qui menace de précariser davantage les femmes, alors que dans la sphère professionnelle elles subissent déjà des inégalités salariales, avec 26% d’écart entre le salaire des hommes et des femmes. Nous subissons la dévalorisation des métiers dits “féminisés”, notamment du “care”. Nous sommes plus sujettes aux contrats précaires et/ ou aux temps partiels, que nous occupons en grande majorité. Nous sommes victimes de discrimination de genre dans tous les milieux professionnels, surtout ceux où nous sommes en minorité, et encore davantage si nous sommes au croisement d’autres oppressions : 69 % des femmes racisées sont victimes de propos discriminants au travail, 1 personne trans sur 3 a subi des actes ou des propos transphobes au travail, 46% des femmes handicapées travaillent à temps partiel, et les femmes grosses ont 4 fois plus de risque d’être discriminées au travail…
Le 8 mars, nous crierons “NON” à l’affaiblissement des services publics, aux réformes qui impactent nos droits humains, comme par exemple le droit à disposer de notre corps, le droit au logement et le droit à l’asile. Ces mesures précarisent encore les femmes et les personnes LGBTQIA+. Parmi les familles monoparentales, 82% sont constituées d’une femme seule avec un ou plusieurs enfants dont 41% vivent sous le seuil de pauvreté et voient leurs droits fondamentaux menacés.
Le 8 mars, nous crierons NON à l’inégalité de répartition du travail domestique et familial, dont les deux tiers sont pris en charge par les femmes. Nous dirons non au travail gratuit que nous effectuons dans la sphère professionnelle parce que nous subissons des discriminations salariales. Et nous dirons non au travail gratuit que nous effectuons dans nos foyers, qui est invisibilisé. L’exploitation économique des femmes et des personnes LGBTQIA+ est une forme de violence de genre.
Le 8 mars, nous crierons “NON” au harcèlement et aux violences sexistes et sexuelles que nous subissons massivement au quotidien, y compris sur les réseaux sociaux. Malgré les signalements de violences concernant des personnalités publiques de premier rang dans les sphères professionnelle, médiatique, politique, allant parfois jusqu’au dépôt de plainte, notre parole est discréditée, la justice est instrumentalisée par les agresseurs qui continuent leur carrière en toute impunité.
Violences économiques, administratives, psychologiques, sexuelles, gynécologiques et physiques : elles surviennent partout et tout le temps. Les propos et agissements sexistes légitiment et conditionnent toutes les autres violences, avec le féminicide comme point culminant du continuum. En France, au moins une femme meurt tous les deux jours et demi parce qu’elle est une femme. Nous n’oublions pas celles d’entres nous qui sont assassinées en raison de leur genre et qui sont encore trop invisibilisées par les médias et les mouvements féministes: les femmes trans, migrantes, sans-domicile fixe, travailleuses du sexe/prostituées, séropo, handicapées, précaires…
Les violences sexistes et sexuelles trouvent racine dans la domination masculine et se situent aussi au croisement d’autres discriminations racistes, sexistes, classistes, validistes, psychophobes, LGBTQIA-phobes, grossophobes, âgistes, putophobes, sérophobes, islamophobes, antisémites, xénophobes… Ces systèmes d’oppressions marginalisent et vulnérabilisent celles d’entre nous qui sont davantage exposées aux violences. Ces violences et inégalités sont inacceptables et le mépris des pouvoirs publics vis-à-vis des victimes et des organisations féministes est insoutenable.
Mais ces violences ne sont pas une fatalité. Des politiques publiques adaptées peuvent les éradiquer. Aussi, le 8 mars, nous continuerons d’exiger l’adoption d’une loi cadre contre les violences sexistes et sexuelles allouée d’un budget de 2 milliards d’euros par an.
Le 8 mars nous continuerons d’exiger des mesures de prévention adéquates. Ces mesures comprennent l’application de la loi prévoyant 3 séances par an à l’éducation à la vie sexuelle et affective du CP à la terminale ; la formation obligatoire initiale et continue des profesionnel·les de l’éducation, de l’animation, de la santé, du social, de la justice, de la police, des manageur·euses et des ressources humaines ; la prise de sanction contre toutes les entreprises et administrations qui n’ont pas mis en place de plan de prévention des violences de genre.
Le 8 mars nous continuerons d’exiger des mesures d’accompagnement des victimes de violences avec le déploiement des dispositifs de protection existants, l’augmentation du nombre de personnels en charge de l’accompagnement et de la protection des victimes et la mise en place de droits au travail pour protéger les victimes de violences de genre.
Le 8 mars nous continuerons d’exiger le renforcement de l’appareil législatif avec l’inscription du crime de féminicide dans le code pénal, la modification de la définition du viol pour inclure la notion de consentement et la constitutionalisation de l’IVG.
Le 8 mars nous continuerons d’exiger la réorganisation des institutions et de la recherche avec la création d’un observatoire national des violences de genre, et l’augmentation des financements pour les associations qui remplissent des missions de service public d’accueil, d’hébergement et de solidarité envers les victimes de violences.
Le 8 mars, nous serons en grève pour exiger la fin des inégalités sociales et économiques, et des violences qui en découlent. Nous serons en grève pour rappeler que sans nous, le monde s’arrête.