Toutes les 2 minutes 30

Un viol ou une tentative de viol toutes les 2 minutes 30.

En 2021, en France hexagonale, les femmes âgées de 18 à 74 ans ont été victimes d’au moins 210 000 viols ou tentatives de viols dans l’année.
Source: rapport d’enquête Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS), édition 2022

Présentation de l’enquête

L’enquête statistique nationale Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS), conduite par le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) à partir de 2022, est une enquête annuelle dite de « victimation » qui succède à l’enquête Cadre de vie et sécurité (CVS). L’objectif est de mesurer l’insécurité ressentie et les faits de délinquance dont les individus ont pu être victimes au cours de leur vie et au cours de l’année. En questionnant directement la population, l’enquête vise à refléter le plus fidèlement possible la réalité vécue sur le territoire, sans se restreindre aux personnes qui portent plainte auprès des services de police ou de gendarmerie. 

L’enquête socle sur laquelle reposent les résultats présentés dans le rapport que nous mobilisons a été menée entre fin février et mi-mai 2022. Le rapport s’appuie, pour l’essentiel, sur le périmètre des individus vivant en “France métropolitaine” (on préférera le terme “France hexagonale”), âgés de 18 à 74 ans, soit environ 91 000 questionnaires.Dans ce rapport d’enquête (édition 2022), le nombre de victimations (nombre de faits de viols, tentatives de viols, agression sexuelle…) présentées portent exclusivement sur les faits relatifs à l’année 2021.

Nombre de victimes de viols ou tentatives de viol : données du rapport

La partie Violences sexuelles physiques de ce rapport regroupe les viols, les tentatives de viol et toutes les autres agressions sexuelles commises avec violence, contrainte, menace ou surprise, ayant occasionné un contact physique sans le consentement de la victime (attouchement au niveau du sexe, de la poitrine, des fesses, des cuisses, baiser forcé, etc.).

On peut lire que durant l’année 2021, sur l’ensemble des femmes âgées de 18 à 74 ans résidant en logement ordinaire en France hexagonale, 

  • 217 000 ont été victimes d’au moins un viol, tentative de viol ou agression sexuelle. Cela représente près d’une femme sur 100.
  • 58 000 ont été victimes d’au moins un viol, 89 000 ont été victimes d’au moins une tentative de viol (certaines femmes peuvent avoir été victimes de ces 2 faits). 
  • 40% des femmes victimes de viol sont multivictimes de viol et 44% des femmes victimes de tentative de viol sont multivictimes de tentative de viol.

Calcul du nombre de viols ou tentatives de viol dans l’année

Cette partie détaille le calcul conduit par les militant‧es de #NousToutes afin d’obtenir le nombre de viols ou tentatives de viol au cours de l’année 2021, à partir des données du rapport d’enquête.

Il faut prendre en compte les multivictimes. La note méthodologique du rapport indique :

La multivictimation est définie comme le fait d’avoir subi plusieurs atteintes de même nature au cours de l’année n-1. Comme le questionnaire interroge, les personnes victimes à la fois en n-1 et début n sur la fréquence des atteintes, sans distinguer si elles ont eu lieu en n-1 ou début n, le choix a été fait pour ces victimes de considérer qu’elles sont en situation de multivictimation en n-1 dès lors qu’elles ont subi trois faits ou plus de même nature, considérant que la probabilité est plus grande que la multivictimation a eu lieu en n-1 plutôt que début n.

Ainsi, pour les viols, 40% des 58 000 femmes victimes durant l’année 2021 sont multivictimes, c’est à dire qu’elles ont subi au moins trois viols entre janvier 2021 et février-mai 2022 (selon le moment où elles ont été enquêtées). Cela représente “en moyenne” au moins un viol tous les six mois. On considère donc que pour l’ensemble des multivictimes, deux viols au moins se sont produits en 2021.

Notons qu’il s’agit bien d’un nombre minimum de faits de victimation dans l’année, car nous ne comptabilisons que deux faits de même nature pour chaque multivictime, alors que le nombre de récidive peut-être beaucoup plus élevé. Une femme peut avoir été victime de viol une dizaine de fois dans l’année 2021 (ce qui peut se produire par exemple si l’agresseur est son partenaire) et seulement deux viols seront comptabilisés pour elle. 

Avec cette approche nous comptabilisons donc, pour chaque femmes multivictime, minimum deux faits de victimation de même nature dans l’année 2021. Sachant que 40% des 58 000 femmes victimes de viol ont été victimes d’au moins deux viols dans l’année et que 44% des 89 000 femmes victimes de tentative de viol ont été victimes d’au moins deux tentatives de viol dans l’année, cela porte à minimum 209 360 le nombre de viols ou de tentatives de viols à dans l’année. Cela représente plus de 574 viols ou tentatives de viol par jours, soit plus d’un viol ou tentative de viol toutes les 2 minutes et demi.

Comparaison avec l’ancienne donnée

Jusqu’à présent, le chiffre communiqué par #NousToutes était “94 000 femmes sont victimes de viol ou tentatives de viol chaque année”, et ce chiffre était utilisé pour indiquer qu’il y avait, en France, “un viol ou tentative de viol toutes les 6 minutes”. 

Ce chiffre s’appuyait sur le rapport d’enquête Cadre de vie et sécurité (CVS), édition 2018.

Dans ce rapport, un complément sur les violences physiques ou sexuelles indique qu’en moyenne chaque année en “France métropolitaine” sur la période 2011-2017, 94 000 femmes âgées de 18 à 75 ans déclarent avoir été victimes d’un viol ou d’une tentative de viol.

Le chiffre de 94 000 n’est pas comparable avec le chiffre que nous avons calculé de 210 000 ! Nous ne pouvons donc pas conclure qu’il y a plus de viols ou tentatives de viols. Nous pouvons seulement affirmer que leur mesure a été améliorée.

Tout d’abord, dans le calcul qui aboutit à 210 000, les récidives sont prises en compte, ce qui n’était pas le cas avec l’ancien chiffre. 

En effet, l’enquête VRS permet de mieux approcher la problématique des viols car elle pose la question de la récidive, et le rapport d’enquête donne des informations sur ces récidives, ce qui n’était pas le cas avec l’enquête CVS.

Ensuite, le rapport d’enquête VRS explique en détail, dans la partie Note méthodologique, en quoi les données CVS et VRS ne sont pas comparables. La note détaille toutes les différentes entre ces enquêtes pouvant contribuer à des écarts entre indicateurs, et plus particulièrement concernant les questions autour des violences sexuelles physiques.

Parmi ces éléments : 

  • Le protocole de la phase 1 de l’enquête VRS (utilisée pour ce rapport) fait intervenir comme modes de collecte : internet, le téléphone et le papier alors que l’enquête CVS était en face-à-face (avec un protocole sous casque pour les questions les plus sensibles). Le recours à différents modes de collecte peut être source d’écarts dans la comparaison entre les indicateurs CVS et VRS, s’il existe des effets de mode entre la réponse en face-à-face et la réponse par internet, téléphone ou papier.
  • Le recueil des violences sexuelles dans VRS diffère de celui de CVS et ne permet pas le rapprochement des résultats des deux sources à ce stade. Notamment, les types de violences et la façon de les repérer sont différents entre les deux enquêtes. Dans CVS, une même question repère d’abord les viols, les tentatives de viols et les attouchements subis en n-1 et n-2, puis une autre question fait la distinction entre ces trois types d’atteintes uniquement pour le dernier événement, alors que dans VRS, les viols et tentatives de viols sont repérés spécifiquement et les attouchements sexuels ne sont pas différenciés des autres agressions sexuelles.