Que vous soyez témoin d’une situation de violences ou qu’une personne victime vous révèle subir ou avoir subi des violences, vous pouvez l’aider par des actes simples et concrets.

#NousToutes n’est pas habilité à recueillir des témoignages
#NousToutes est un collectif constitué d’activistes bénévoles.
Recueillir des témoignages, accompagner les victimes de violence exige des compétences professionnelles. Nous ne sommes pas formé‧es pour cela.
Les associations d’aide aux victimes de violences sexistes et sexuelles sont aussi à l’écoute des personnes témoins de violences. N’hésitez pas à entrer en contact avec l’une d’entre elles. Elles sauront vous conseiller, vous accompagner et répondre à toutes vos questions.
Vous êtes témoin : quand et comment réagir ?
Dans le cas d’une situation d’urgence, appelez les secours.
Sinon, essayez d’échanger avec la victime (elle pourrait avoir besoin d’une attestation de témoin) si possible sans la présence de la personne violente.
S’il vous est difficile d’intervenir, vous pouvez essayer de faire comprendre à la victime qu’elle n’est pas seule (un « ça va ? », un sourire…).

Les numéros utiles
Victime ou témoin de violences psychologiques, de harcèlement sexuel, de coups ou de viol, vous pouvez appeler :
Police nationale
(en cas d’urgence)
Violences Femmes Infos
Viols Femmes Infos
Enfance en danger
Pour plus d’informations, rendez-vous sur notre page En cas d’urgence.
Le gouvernement propose une plateforme dédiée aux violences et y liste toutes les structures et associations habilitées à vous accompagner en France.
Témoin des conséquences des violences
Vous n’avez pas assisté à des scènes de violences, mais des signaux vous inquiètent. Vous êtes peut-être témoin.
Des exemples de signes qui peuvent vous interpeller chez un·e adulte (liste non exhaustive), elle ou il :
- est de moins en moins disponible
- surveille son téléphone pour être toujours joignable et justifier son emploi du temps
- change sa façon de s’habiller
- se confie moins…
Des exemples de signes qui peuvent vous interpeller chez un·e enfant (liste non exhaustive), il ou elle :
- devient irritable, colérique ou au contraire beaucoup plus effacé‧e
- perd l’appétit
- fait des cauchemars
- ne veut plus aller dans un lieu que vous considérez sûr
- Ses résultats scolaires se dégradent…
Il n’y a pas toujours de signes et ils peuvent être très différents d’une personne à l’autre. Si vos inquiétudes sont fondées, vos observations pourront être utiles. Commencez à noter ce que vous observez.


L’attestation de témoin
Dans le cas d’un dépôt de plainte, d’une main courante, d’un divorce… une attestation de témoin est un document utile pour faire valoir ses droits.
Comment ouvrir le dialogue avec la victime ?
Si vous êtes inquiet‧e pour quelqu’un de votre entourage, posez-lui la question.
Vous pouvez par exemple lui demander :
- de façon détournée, comment ça se passe avec … ?
- est-ce que tu te sens en sécurité avec … ?
- je remarque que … je m’inquiète pour toi
- plus directe : est-ce que … est violent avec toi ?
- est-ce que tu as peur ?
Si la personne n’est pas victime, elle vous répondra simplement non.
Si elle l’est, peut-être répondra-t-elle non également mais elle saura qu’elle a dans son entourage, une personne alliée prête à l’écouter et à la croire.
Si vous êtes persuadé‧e que la personne est victime et qu’elle vous dit que non, n’insistez pas. Il est possible que vous vous trompiez, qu’elle ne soit pas prête à parler ou que vous ne soyez pas la personne à qui elle peut se confier.
Si elle vit en effet des violences et vous le confirme, la première chose à lui dire c’est qu’elle a bien fait de vous parler, que vous la croyez et qu’elle n’est pas seule.
Dites-lui :
- Je te crois.
- Tu as bien fait de m’en parler.
- Le coupable, c’est lui.
- La loi interdit les violences.
- Tu peux compter sur moi, quel que soit ton choix.
Pourquoi est-ce important ?
Une victime peut se sentir isolée, elle peut penser que personne ne la croira. Il arrive même qu’elle ait déjà parlé et qu’on ne l’ait pas crue.
On la croit, on l’écoute, sans la juger, sans lui dire quoi faire, on la respecte à l’inverse de ce que fait son agresseur.
Sortir d’une relation violente peut prendre du temps
Dans un contexte conjugal, une femme fait en moyenne 5 aller-retours avant de quitter son agresseur. Les raisons pour lesquelles le processus est si long sont complexes.
Dans d’autres contextes (familiaux, professionnels, amicaux… ), il peut aussi être difficile de simplement mettre un terme à la relation.
Si vous souhaitez aider une personne de votre entourage, il est essentiel de s’informer.
L’emprise
L’emprise est un mécanisme de domination intellectuelle ou morale. Pour qu’une victime se libère de violences au sein d’une relation, il faut lutter contre un conditionnement qui peut avoir duré depuis longtemps.
Concrètement, l’agresseur détruit :
- La confiance en soi
- L’estime de soi
- La capacité à prendre des décisions
- L’agresseur réussit à persuader la victime qu’elle n’a pas de valeur, que lui seul la tolère et que sans lui, elle n’est rien.
Une personne qui a déjà connu des situations d’emprise, dans sa vie sentimentale, familiale ou professionnelle pourra être plus vulnérable à ce conditionnement dans une nouvelle relation.
En pratique, dans un couple, la dépendance économique et la présence d’enfants, rendront également un départ encore plus difficile. Il peut aussi l’avoir menacée de mort si il ou elle s’en va.


Respecter les choix de la victime
Vous n’êtes pas responsable de la situation de la victime, ni de l’en sortir. C’est à cette personne, survivante de violences sexistes et sexuelles, de choisir quand et comment s’extraire de ces violences. Vous êtes un phare dans sa tempête, mais c’est à elle de donner le rythme et le cap.
À trop vouloir sauver l’autre, vous pouvez vous-même perpétrer des violences. Ne portez pas de jugements sur la façon dont elle gère la situation et n’ayez, de manière générale, pas d’attentes à ce sujet. Sortir des violences n’est pas une performance, ne comparez pas cette personne à d’autres survivantes.
Elle fait de son mieux pour s’en sortir et c’est déjà beaucoup.
Comprendre les mécanismes des violences
Vous informer sur les mécanismes des violences et les études à ce sujet est une bonne façon de ne pas tomber dans ces pièges !

Les violences contre les enfants
Les violences contre les enfants s’exercent par des mécanismes comparables aux violences contre les adultes, mais sont facilitées par la domination des adultes sur les enfants : cette domination s’appelle l’adultisme.

Déconstruire l’adultisme pour identifier les violences faites aux enfants
- la privation de liberté des enfants et leur dépendance vis à vis des adultes est totale et normalisée
- elles/ils ne peuvent pas s’extraire sans aide adulte d’un lieu de violence (famille, école…)
- les violences “éducatives” sont encore largement banalisées et considérées comme relevant de la sphère du privé
- quand les enfants témoignent, leur parole est souvent présumée mensongère, celle des adultes est jugée par défaut crédible et raisonnable
- elles et ils ont moins d’expérience et donc moins de repères sur ce que devraient être des relations normales (= sans violence)
- le lien parent-enfant et l’autorité parentale sont jugées plus importantes que l’intégrité physique et psychique de l’enfant
- l’ampleur de ces violences commence à peine à être chiffrée
- les services de protection de l’enfance sont insuffisants et parfois maltraitants par manque de moyens
Comment réagir si vous êtes témoin d’une situation de violence éducative ?
Utilisez les mêmes procédés que pour le harcèlement de rue, vous pouvez :
- appeler la police si l’enfant est en danger immédiat
- interrompre la violence en demandant l’heure à la personne qui accompagne l’enfant, en demandant votre chemin…
- parler à l’enfant en lui demandant si elle ou il va bien bien
- faire semblant d’être parent d’élève et faire semblant de reconnaître l’enfant
- faire remarquer à la personne que son geste n’est pas normal et que s’il ou elle a besoin d’aide, il peut avoir accès à une écoute anonyme (09 86 87 32 62 SOS parentalité)


Que dire à une ou un enfant ?
- Je te crois
- Tu as bien fait de m’en parler
- Ce que tu vis n’est pas normal
- Ce n’est pas de ta faute
- Tu n’es pas seul‧e et tu peux me parler quand tu veux
Ne lui promettez pas que vous la ou le sortirez des violences car si malheureusement vous n’y parvenez pas, l’enfant perdra confiance en vous
Prenez soin de vous
Prendre soin de soi et connaître ses limites sont deux éléments essentiels pour être en mesure de bien aider les autres.
Ne restez pas seul·e
Accompagner une victime, surtout lorsqu’il s’agit d’une personne proche, peut être difficile à vivre. Vous pouvez vous sentir très seul·e et dépassé·e par la charge émotionnelle que cela représente.
Prenez le temps de vous questionner régulièrement sur votre santé mentale et votre investissement émotionnel dans la situation :
- “Est-ce que je vais bien ?”
- “Est-ce que la situation m’empêche de dormir ou de me concentrer ?”
Rapprochez-vous d’un·e psychologue compétent·e et bienveillant·e pour vous accompagner vous-même pendant cette période.
Organisez-vous si possible avec votre entourage et/ou l’entourage de la victime pour prendre le relai et vous accorder à tou·tes des pauses. Prenez soin les un·es des autres et parlez ensemble de ce que vous traversez.
Faites-vous accompagner par des associations formées et compétentes. L’accompagnement des victimes de violences est un métier. Des professionnel·les sont là pour vous aider.


Guide pratique
Caroline De Haas, militante féministe et co-fondatrice du collectif a rédigé en 2021 pour #NousToutes un manuel d’action pour en finir avec les violences sexistes et sexuelles.
Ce livre a été pensé comme un outil pratique et concret pour s’informer, se former et passer à l’action. Les droits d’autrice sont intégralement reversés à #NousToutes.
En groupe, nous sommes plus fort·es.
Et si on luttait ensemble ?
